Elle attend devant la caserneDe l'aube aux derniers feux du jour.Parfois le drapeau est en berneMais jamais, jamais son amour.Elle guette un regard, un souffle,Un pas, un geste, une ombre, un rien ...Mais ne croyez pas qu'elle souffre :Elle l'aime, il vit, tout va bien ...Et tout ce brouillard dans sa tête,Le soir a des parfums lilas ...Le sergent de garde répète :"Non, le lieutenant n'est pas là !"Mais ce lieutenant, elle l'aimeDu fond de son rêve indigo,Plus qu'ell', plus que son père même,Elle s'appelle Adèle Hugo ...Et toi, devant la mer profonde,Toi, poète et proscrit, tu saisQu'il existe, hélas, dans ce mondeD'autres exils que Guernesey.Et toi, le rêveur solitaire,Tu vois de ton regard géantQu'il existe, hélas, sur la TerreD'autres gouffres que l'océan ...Elle a oublié la rancuneEt l'amertume et le devoir.Elle n'est plus jamais quelqu'uneQue pour parfois, l'apercevoir.Elle est une petite choseQui s'est tout abîmée en lui.Une lente métamorphoseFait d'elle un papillon de nuit.Et toi, devant la mer profonde,Toi, poète et proscrit, tu saisQu'il existe, hélas, dans ce mondeD'autres exils que Guernesey.Et toi, le vieux prophète triste,Qui as combattu l'échafaud,Tu sens bien, hélas, qu'il existeD'autres morts que celle à la faux !...
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